domingo, 21 de noviembre de 2010

DYSHARMONIE DU COUPLE PARENTAL

por Jacques Lacan
Les analystes ont insisté sur les causes de névroses que constituent les troubles de la libido chez la mère, et la moindre expérience révèle en effet dans de nombreux cas de névrose une mère frigide, dont on saisit que la sexualité, en se dérivant dans les relations à l'enfant, en ait subverti la nature : mère qui couve et choie, par une tendresse excessive où s'exprime plus ou moins consciemment un élan refoulé; ou mère d'une sécheresse paradoxale aux rigueurs muettes, par une cruauté inconsciente où se traduit une fixation bien plus profonde de la libido.

Une juste appréciation de ces cas ne peut éviter de tenir compte d'une anomalie corrélative chez le père. C'est dans le cercle vicieux de déséquilibres libidinaux, que constitue en ces cas le cercle de famille, qu'il faut comprendre la frigidité maternelle pour mesurer ses effets. Nous pensons que le sort psychologique de l'enfant dépend avant tout du rapport que montrent entre elles les images parentales.

C'est par là que la mésentente des parents est toujours nuisible à l'enfant, et que, si nul souvenir ne demeure plus sensible en sa mémoire que l'aveu formulé du caractère mal assorti de leur union, les formes les plus secrètes de cette mésentente ne sont pas moins pernicieuses. Nulle conjoncture n'est en effet plus favorable à l'identification plus haut invoquée comme névrosante, que la perception, très sûre chez l'enfant, dans les relations des parents entre eux, du sens névrotique des barrières qui les séparent, et tout spécialement chez le père en raison de la fonction révélatrice de son image dans le processus de sublimation sexuelle.

Prévalence du complexe du sevrage

C'est donc à la dysharmonie sexuelle entre les parents qu'il faut rapporter la prévalence que gardera le complexe du sevrage dans un développement qu'il pourra marquer sous plusieurs modes névrotiques.

Le sujet sera condamné à répéter indéfiniment l'effort du détachement de la mère - et c'est là qu'on trouve le sens de toutes sortes de conduites forcées, allant de telles fugues de l'enfant aux impulsions vagabondes et aux ruptures chaotiques qui singularisent la conduite d'un âge plus avancé; ou bien, le sujet reste prisonnier des images du complexe, et soumis tant à leur instance léthale qu'à leur forme narcissique - c'est le cas de la consomption plus ou moins intentionnalisée où, sous le terme de suicide non violent, nous avons marqué le sens de certaines névroses orales ou digestives; c'est le cas également de cet investissement libidinal que trahissent dans l'hypocondrie les endoscopies les plus singulières, comme le souci, plus compréhensible mais non moins curieux, de l'équilibre imaginaire des gains alimentaires et des pertes excrétoires.

Aussi bien cette stagnation psychique peut-elle manifester son corollaire social dans une stagnation des liens domestiques, les membres du groupe familial restant agglutinés par leurs "maladies imaginaires" en un noyau isolé dans la société, nous voulons dire aussi stérile pour son commerce qu'inutile à son architecture.
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